Signal en danger : Pourquoi l’application pourrait bientôt disparaître ?
Vous utilisez Signal, cette application de messagerie chiffrée qui vous permet de communiquer en toute sécurité avec vos proches ? Attention, son avenir en Europe est sérieusement compromis ! Une nouvelle loi européenne, menaçant le chiffrement de bout en bout, pourrait contraindre Signal à quitter le continent.
Le chiffrement de bout en bout : une protection essentielle pour la vie privée
Imaginez un monde où vos conversations privées avec vos amis, votre famille ou même votre médecin pourraient être interceptées et lues par des tiers. C’est le scénario inquiétant qui se profile si une proposition de loi européenne venait à être adoptée.
Le chiffrement de bout en bout, technologie qui protège nos échanges en ligne en les rendant illisibles pour quiconque hormis les destinataires, est aujourd’hui menacé. Cette mesure essentielle à la vie privée est malheureusement critiquée par certains responsables politiques et forces de l’ordre en Europe.
Pourquoi cette volonté de mettre fin au chiffrement de bout en bout ?
Les tenants de cette initiative arguent que le chiffrement de bout en bout entrave les enquêtes et empêche l’accès à des preuves cruciales pour les forces de l’ordre. Ils réclament donc la mise en place de “portes dérobées” par les plateformes, permettant aux autorités d’accéder aux contenus chiffrés.
Une position défendue notamment par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Déjà en 2015, l’ancien procureur François Molins avait exprimé ses réserves quant au chiffrement des smartphones.
Des portes dérobées : un danger pour la sécurité et la vie privée
Cependant, les défenseurs de la vie privée sonnent l’alarme face à ces “portes dérobées”, redoutant qu’elles ne soient exploitées à des fins malveillantes par des pirates informatiques ou des gouvernements autoritaires.
C’est pourquoi la messagerie chiffrée Signal a annoncé des mesures radicales : si la proposition de contrôle est adoptée par l’Union européenne, elle cessera ses activités sur le continent.
Signal : une résistance déterminée
Meredith Whittaker, présidente de Signal, qualifie la proposition de loi européenne de “vin de surveillance dans des bouteilles de sécurité”. Ancienne employée de Google et cofondatrice de l’AI Now Institute, elle se montre résolue à défendre la vie privée des citoyens européens.
Signal strongly opposes this proposal.
— Meredith Whittaker (@mer__edith) May 31, 2024
Let there be no doubt: we will leave the EU market rather than undermine our privacy guarantees.
This proposal–if passed and enforced against us–would require us to make this choice.
It's surveillance wine in safety bottles. https://t.co/i8D4Mlcrgd
Tant que la loi n’est pas finalisée, Signal maintiendra sa présence en Europe et soutiendra les citoyens dans leur lutte pour la protection de leurs données. Cependant, Meredith Whittaker prévient : si la loi venait à être adoptée, le non-respect entraînerait l’interdiction de Signal sur le marché européen.
Signal rejette également le nouveau projet de compromis proposé par la présidence belge du Conseil, qui vise à filtrer uniquement les images, vidéos et URL, excluant les pistes audio et les textes. Si ce projet devait être adopté et appliqué à Signal, l’application serait contrainte de se retirer du marché européen, selon Meredith Whittaker.
Signal n’est pas seul dans ce combat
Le député du Parti Pirate Patrick Breyer a également exprimé son opposition à ce projet de compromis, affirmant que l’analyse côté client “détruirait le chiffrement sécurisé”.
De nombreux experts en cybersécurité saluent l’excellence de Signal, soulignant que son protocole de chiffrement a d’ailleurs été largement adopté par d’autres applications, de WhatsApp à Google Messages, en passant par Messenger ou Skype.
L’avenir de Signal en Europe est incertain, mais une chose est sûre : la lutte pour la protection de la vie privée face aux intrusions des gouvernements et des entreprises est loin d’être terminée.
